Un grand pin parasol ondule au gré des coups de vent. Joli jardin d'une maison pornicaise typique, où je bulle, égaré remplaçant d'un cabinet famélique, en plein hiver...
A contrario, rempla au bord de la crise de nerfs la semaine dernière en Bretagne Nord... Cinquante patients par jour, et autant de fax, de messages de coups de fil, de visites... Courir toute la journée pour s'écrouler le soir.
Je suis redevenu remplaçant en médecine générale... A mon âge ...
Six départements en autant de contrats. Pas loin de douze mille bornes au compteur. Deux bagnoles... ( j'en ai plié une, un soir sur un carrefour mal éclairé) Changé d'ordi, acheté des grands sacs à roulette, et en avant Simone... Tu seras sur les routes...
Perdu mes tongues et mes shorts à carreaux. Fini le maillot de bain dans le coffre. Les plages à la sortie du taf, passer au marché prendre des ananas, prendre un verre le soir a la Guinguette...
J'ai du mal à réaliser qu'il y a trois mois j'étais entre la Réunion, Mada, l'Afrique du sud... Le retour m'a pris comme un rouleau compresseur. Un aspirateur à temps qui passe... D'abord Paris et sa démesure, des retrouvailles un peu ratées, consommées à la hâte, sans prendre le temps. Un gros mal être à ne plus savoir bien ce qu'on fait là, et pourquoi on est parti, et qui fait quoi ici...
Un décalage permanent à ne plus me sentir chez moi nulle part, à ne pas être capable de décrocher le téléphone pour appeler les vieux copains. Surtout vite trouver du taf et dégager d'ici, parce qu'on étouffe, dans la grande ville, et qu'on sait plus trop si on y a sa place.
Et puis au bout d'un moment à courir, et à changer d'endroit tout le temps, on a envie de se poser, d'arrêter de vivre avec sa maison dans le coffre, et surtout envie de se poser à deux, parce qu'on arrête pas de se croiser, et que ça mène à rien.
Alors adieu le premier projet, un an de remplas à travers la France, la truffe au vent, la queue qui se tremousse dans le side car...
Et viva l'installation, allez Nantes, les vagues crémeuses de la Loire presque Atlantique qui lèchent les quais gris de la belle cité dynamique, ouverte, multi culturelle et ( /ou pas mais ça faut demander aux connaisseurs) bretonne...
Alors ok, c'est dit c'est fait, on a trouvé un appart, on cherche du taf, on repart sur un autre délire, comme un raz de marée de plus, et j'ai dans les yeux les chaînes de montagne de l'Ichal, à Mada, et le cap de Bonne Espérance, et tous les autres horizons qu'on a pu croiser ces derniers mois pour me dire que c'est juste un nouvel endroit, avec plein de belles choses à découvrir, et de gens à rencontrer.
J'ai encore envie d'écrire, mais Bo n'est plus à Mayotte, alors à quoi bon écrire dans Boparamayotte??
Parce que c'est devenu un vieux copain ce blog, avec qui on s'asseoit le soir au bord de l'eau pour discuter du temps qui passe... Alors peut être un nouveau blog, et peut être encore quelques articles dans celui-ci, parce que je suis toujours en plein aterrissage, et puis que c'est comme ça.
A ceux que j'ai pas encore appelé depuis mon retour, à qui j'ai pas donné beaucoup de news, voilà l'histoire... Je suis un growler entre deux eaux, je suis encore à la dérive. J'ai pas encore posé mes bagages, j'ai du mal à dire d'où je viens quand les patients me demandent... Du mal à ne pas parler de Mayotte, quand je discute.
Mais j'avance sans trop regarder en arrière, parce que je commence à avoir un peu de bouteille, question vadrouille, et quand ca va moyen, je me rappelle d'un coin de lagon, d'un ventilo au plafonds, ou de quelques sourires de potes...
Alors pour commencer la deuxième mi temps de ma vie et ma trente neuvième année, je savoure l'idée d'un cocktail frais sur une foutue plage, Je vous embrasse tous très fort, et vous dis à bientôt, sur ce blog ou un autre, mais qui sait dans quelle hémisphère ?