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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 23:51

Plonger au cœur du cratère du N’gorongoro, dans le dédale de pistes qui longent les immenses parois du monstre de 20 kilomètres de diamètre...  Debout à l’arrière de la Land Cruiser, toit relevé, le vent dans les yeux, l’air frais qui pique la peau. Appréhension, excitation, mystère… Va-t-on voir les fauves ?? Des « big Five » on a vu le buffle et l’éléphant, déjà, dans le parc du Tarangire, on a parcouru les pistes vallonnées, les rivières qui serpentent paresseusement, espéré le léopard, caché dans les branches basses des acacias géants qui surplombent la savane. Le lion, lui est déjà parti, loin, plus loin, a passé le volcan et suit la grande migration des gnous dans les plaines du Serengeti. On le retrouvera bientôt, s’il le veut.

Mais les étendues planes du fonds du cratère, nichées dans les contreforts rocheux qui s’élèvent si haut qu’il faut attendre plusieurs heures pour que le soleil se lève assez pour les atteindre, le lac là-bas au loin, à moitié caché par la brume, la forêt primaire, sauvage, qui couvre le sud-ouest du plateau, tous ces reliefs qu’on a deviné avant d’entreprendre la descente, et tous ces animaux sauvages qu’on imagine les peupler, tout ça te prend aux tripes, te fait trépigner d’excitation. Le frisson de plaisir et de légère inquiétude avant de découvrir le dernier reflet d’une nature primordiale, sauvage. La rencontre avec les origines du monde.

 

 

Serengeti, la plaine sans fin : l’endroit de tous les cadeaux qui nous seront offerts : guépard perché sur une termitière, scrutant la savane. C’est sa dernière chance de manger. Elle est lourde de sa portée qui lui interdira peut-être bientôt de courir. La gazelle au loin sent qu’il y a un problème. Elle succombera après une très courte course, le guépard affaibli mettra presque une heure à reprendre son souffle suffisamment pour manger un peu, rapidement, avant de chercher un arbre pas trop loin où emmener sa proie. Et essaiera de la porter sous un 4X4 à côté du nôtre pour rester à l’ombre pour mieux réfléchir.

On verra le léopard, magnifique, trapu, explosif, déchiqueter un énorme porc-épic et le porter dans sa gueule sur plusieurs kilomètres jusqu’à l’arbre parfaitement adapté pour une sieste et un bon repas. On tombera sur des lionnes traquant un bébé gnou en passant à ras du 4X4, pour l’abattre sans attendre leurs copines perdues derrière, et se cacher dans les hautes herbes pour manger en paix.

 

On sera passés au beau milieu de 4 millions de gnous, 800 000 zèbres, pendant leur migration annuelle à la recherche d’herbe tendre et d’eau fraîche, des étendues sans fin de ruminants tantôt galopants par milliers, tantôt broutant sans réaction à notre passage. On aura  découvert la majesté du buffle, sa puissance et son caractère ombrageux au bord d’une piste poussiéreuse. La délicatesse des girafes et la sérénité des éléphants en troupeaux tranquilles. Des images sans fin…

On en a pris plein les yeux comme jamais on ne l’aurait imaginé. Perdus dans une rêverie qui aura duré sept jours. Jamais je n’aurais cru pouvoir être émerveillé ainsi. Je ne savais plus que ça ressemblait à ça, d’être un enfant. Pris entre le Roi Lion et Jurassic Park, comme si on participait à une fantastique aventure…

 

 

Voilà ce que ça fait, de traverser le N’gorongoro, ou le Serengeti, ça t’écrase de sa splendeur, te fait te sentir insignifiant et soumis à son bon vouloir. Goûter à la sensation de n’être qu’un homme perdu au milieu d’une Nature qui reste indomptable, où pour une fois, tu n’es pas le maître. Et puis ça peut t’embarquer, aussi, une fois que tu n’es plus imbu de ta toute puissance. Une fois que tu as abandonné les bagages de ta condition d’homme moderne. Tu peux faire un peu partie d’un monde plus grand que toi, pas fait que pour toi, ou tu ne joues qu’un petit rôle d’observateur. Et là, quand tu oublies ta supposée propre importance, tu peux plonger dans des émerveillements sans fin.

Bon, bien sûr il y a les 4X4, les Lodge, et tout ce qui fait l’industrie du tourisme, mais ça peut vite disparaître si on « part » un peu… Et au-delà des lions, gazelles, rhinos, et autres mammifères africains, s’il y a une chose que je retiens, c’est bien d’être redevenu un gosse, même pendant quelques petits instants, mais à fond, avec les yeux qui brillent et en oubliant tout le reste. Se rappeler de ce goût là c’est mon plus beau cadeau.

 

 

Un goût que je retrouve un peu, ce matin même, quand après avoir évité le car d’indiens qui se pressent autour de la pancarte « Cape of Good Hope » pour se prendre en photo, je m’écarte un peu, je regarde l’océan Atlantique se jeter dans l’Indien, j’imagine les Magellan, les explorateurs en tout genre, et je vois l’horizon se charger de lourds navires….  Bonne espérance… Peut-être qu’un jour j’aurai la chance de voir le Horn.

 

Déjà trois mois depuis avril, la découverte de la Tanzanie, la douceur de vivre de Zanzibar, le passage au Kénya, cette fois on a vraiment quitté Mayotte. En plein hiver austral à Cape Town, il fait froid, vraiment froid, et ça pourrait doucher notre enthousiasme…

Sauf qu’on a redécouvert comment être des enfants… alors je rêve à Vasco de Gama, et puis voilà.

Na…

 

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