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10 juin 2010 4 10 /06 /juin /2010 17:27

Les jours défilent à Mayotte..

les poulets picorent dans la petite cour, sous la chaleur qui vient par vagues.

Silence paisible sous le patio, il est treize heures, et pas un chat...

Lorsqu'on entend un hurlement.

 

Il n'a pas de blouse et il transpire, il est assis au pied d'un lit.

Petite suture sur un orteil, juste un ongle à réinsérer.

L'enfant a mal, l'enfant a peur, serre les poings les dents et pleure..

Dernier point et c'est fini...

 

Depuis la veille à 17h, on en a vu du pays....

La tête enflée par la fatigue, les yeux qui piquent et les bras gourds..

Le coeur qui bat à perdre haleine, et dans le crâne un tambour

Ca y est on tire sa révérence... Je rentre au port, je suis crevé.

 

Une nuit, une matinée d'urgence, de quoi brosser un peu la rouille...

OAP, AVC, épilepsie.. Des noms barbares à la pelle

Samu, sutures, sondes urinaires, pas un endroit pour troubadour..

Première nuit de garde, premier émoi, un vrai bordel pour un retour..

 

Ca valait le coup.. de se dédire, et de quitter le tout Paris.

De venir chatouiller l'avenir avec son rêve et son crayon...

Du fonds du seau je me relève, c'est moi Fangio, je monte le son!

La route est belle dans la montagne, ca tourne à en devenir fou.

 

Je sais maintenant ce que j'emmène, dans mon grand sac de voyageur

Un peu de fierté, un peu quand même, j'avais arrêté d'y croire..

La senteur d'un lendemain de garde... Crevé, foutu, mais comblé...

Même à Mayotte, au cul du monde...un truc qu'on ne peut oublier.

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4 juin 2010 5 04 /06 /juin /2010 14:21

Tout d'abord un gros bisou à tous... Un grand merci pour vos commentaires, ça fait vraiment chaud au coeur quand je les lis, et même si je ne peux pas répondre correctement à vous tous, vu la connexion aléatoire ici, j'ai quelques idées derriere la tête pour vous rendre hommage correctement.... vous verrez.

 

Ensuite pour répondre à tous mes copains infirmiers, je voulais préciser quelques détails....

Et bien d'abord, si j'en ai autant, des copains infirmiers, c'est que je ne suis jamais méchant au taf, et pour ceux qui ont bossé avec moi, je me vanne autant que je vanne gentiment les autres... enfin je crois! (demandez à sig, c'est au taf qu'on s'est connu, après tout !)

Mea culpa néanmoins si j'ai froissé quelqu'un dans mon dernier article, sachez que je prends un pied phénoménal à bosser en équipe, et que Sarah, l'IDE avec qui je rigolais ce jour là, me demande en permanence si je vois des dengues au détour des couloirs, donc je suis aujourd'hui la victime, sachez le, de remarques hautement discriminatoires !

(d'autant plus que si j'énerve mes lecteurs en dix jours, j'ai pas le cul sorti des ronces !!!)

 

Pour continuer à respecter la déontologie, et respecter l'intégralité des informations de mes sources au plus haut niveau maorais, sachez qu'Abigaelle est un rat de cocotier, et non une souris, mais il est assez à l'aise avec sa féminité pour ne pas prendre ombrage de son nom....

Les chaloupes de clandestins sont des Kwassa Kwassa, et non des Wassa Wassa, ce qui sonne bien bien mieux, la phonétique c'est quand même vachement important...

Et je tenais à remercier Moïse (mon pote Moïse pour ceux qui ne le connaissent pas, je n'entends pas encore de prophète biblique se confier à moi la nuit... ), pour sa maîtrise culinaire, et pour m'avoir appris à cuisiner au lait de coco. c'est excellent, ça colle bien à l'ambiance, même si ça fait transpirer pas mal après...surtout avec du rhum.

 

Voilà bon ben je vais faire du canoé, moi, il paraît qu'on peut pêcher des calamars à la traîne....

 

Gros bisous à tous...

A très vite!!

 

P.S : mon prochain article sera intitulé : Le rugby toulousain, histoire d'un déclin... histoire de chauffer mon gros Julien qui devrait savoir que j'adore les infirmiers, et aussi que ça ne sert à rien de jouer arrière : le rugby, ça commence et ça se termine devant!!

Un gros bisou à Sonia en passant...

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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 17:51

Mon ami Saïd, hier, vous me fîtes passer pour un con!

Ou un hurluberlu chanceux...

Un Mzungu fou comme un lapin...

Non parce que quand j'ai charrié allègrement (So peut témoigner de mon humour un poil répétitif parfois...) l'équipe d'infirmières qui me demandaient quoi faire de tes sérologies en attente, mon cher Saïd, je t'avais rangé dans la case angine!

Pour ceux qui suivent, Saïd était atteint d'une fièvre étrangement élevée, pour laquelle mon imagination sans bornes avait rêvé des diagnostics rares évocateurs de pays inconnus comme la fièvre de la vallée du rift, (bon j'en remets une couche, certes, mais ce nom d'arbovirose me rend litérallement euphorique, allez comprendre!!)

Avant de déchanter devant une magnifique angine tout à fait trouvable en Sarthe ou dans la Creuse.

Or donc me voilà en train de discourir devant l'équipe sur les chances infimes d'avoir en même temps la peste et le choléra, ou dans ce cas une angine et une arbovirose rare en Sarthe et ultra classe de nom; (et j'insiste sur le point virgule, ça marque un petit silence dramatique....) lorsque paf, les sérologies arrivent par coursier, et repaf : LA DENGUE...

Ce con a une angine et la dengue en même temps????

Ya que ma soeur, d'habitude, pour faire des truc aussi bizarres....

Notre père a-t-il voyagé par ici, dans sa jeunesse?? On a de la famille à Mayotte, Sophie???

Dans les moments de grande solitude comme ceux-ci, l'important est de garder un sourire distancié, toujours très utile. 

En tout cas, mon cher Saïd, ta mère m'adore! Ca fait cinq fois que je vous fais revenir, et elle me tape encore sur l'épaule..

Attends un peu que la Dass retourne la baraque pour vaporiser du Baygon, on va voir si elle m'aime encore, la dame!

Les petites brèves du dispensaire, ça meuble bien ma première partie de journée... Pour le reste je me balade les après midi, enfin je reste en voiture, vitres fermées, faut faire gaffe!

Parce qu'il faut que tu saches, toi le Métropolitain qui me lis, ( peut être on n'est jamais sûr, en même temps ici tu peux pas zapper sur les images..), que quand tu écoutes le Mzungu moyen, Mayotte c'est l'Afghanistan!

On ne parle que d'agressions sur cette île, faut éviter telle plage, attention ils ont des cailloux qu'ils lancent sur ton chien, des machettes grosses comme l'avant bras de Goldorak (Fulguro Poing pour ceux de ma génération), randonner sur les GR c'est pas possible à moins d'être quinze, et surtout faut être à poil pour pas se faire voler son slip....

Certains ont des techniques d'avant garde, comme mettre ses clés de voiture dans un vieux sac papier et lancer le tout sur le bord du chemin, en espérant se rappeler que c'est bien au troisième arbre derriere la pierre plate..

Alors bon je ne vais pas nier que 20 % de la population est clandestine, affamée, et que le bras de mer entre Mayotte et Anjouan est un énorme cimetierre marin, peuplé de Wassa Wassa (chaloupes) chavirées. Il est certes sûrement dangereux de faire seul deux heures de marche dans certains coins de jungle...

Mais là faut arrêter de déconner quand même, c'est dingue de passer son temps à se méfier!!

C'est toujours la même chose, on s'étonne que les pauvres cherchent à bouffer... On devrait les remercier, dans certains ministères, vu la contribution significative que ces pauvres gens apportent aux quotas de reconduite à la frontière édifiées place Beauveau.

Ici tu peux conduire bourré comme un coing, si t'es blanc on s'en fout... les flics cherchent uniquement à chopper du clandestin.

On ne leur donne plus les petits boulots qu'ils avaient avant, on les chasse faut voir comment, et on s'étonne qu'ils se cachent dans la forêt pour récupérer des thunes, la plupart du temps sans violence, sur des Mzungus qui margent à 140 % (indexation vie chère) de leur salaire métropolitain, et qui déboulent, seuls, la bouille enfarinée, caméscope à la main en filmant l'indigène....

Bon j'exagère encore, sans doute, pas de fumée sans feu.... Mais arriver pour vivre une aventure ici, parler autour de soi de ses envies de découverte, et se voir conseiller la piscine de l'hôtel trois étoiles un peu plus loin, ça me les coupe, pour parler poliment!!

La situation des clandestins est horrible, et d'un autre côté ceux qui se sont fait agresser sont parfois traumatisés. On ne peut pas accueillir tout le monde , ok..

Mais j'ai quand même l'impression que la petitesse de cette île augmente la caisse de résonnance de chaque pépin, et je ne veux pas vivre dans un Club Med géant, entre la piscine le supermarché et les excursions organisées... j'ai déjà fait ça à Caracas, c'est bon!!

Se méfier et avoir peur de tout, ça me rappelle quelque chose... j'ai déjà entendu quelque part...

Bon donc je vais aller me balader quand même, je n'appellerai pas mon exécuteur testamentaire avant, et oui, So, s'il m'arrive un truc, je te donne ma chaîne Hi-Fi...

Du coup c'est carrément l'aventure, ici, le GR...

Vais appeler Saïd, il me doit la vie quand même celui là... m'enfin à 40 de fièvre, un garde du corps, c'est pas vif...

Alllez gros bisous..

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 21:06

Elle fait un vacarme incroyable, Abigaelle, elle adore grignoter le couvercle de mon pot de moutarde.. et crotte allègrement sur la vaisselle que je viens de laver.

C'est sûr, on se sent moins seul.

A cause d'elle j'ai dû même mettre mon pain au frigo... sinon le matin j'ai plus rien!

Le matin du mardi 25 mai, donc, je commence mon premier jour à M'tsangamouji le ventre vide, la clope au bec, le palpitant dans les chaussettes et en espérant qu'Abigaelle se prend moins la tête que moi. ( pas de risque ceci dit..)

Maison de terre cuite, patio en tôle...

Des dizaines de patients, déjà à m'attendre.. me voilà.

A peine sept heures et il fait si chaud.

Bonjour l'équipe, je ne retiens aucun nom, trois aides soignantes maoraises, deux infirmiers/ères.. tout le monde déjà au boulot...

Ah la clim.. dans mon bureau.

Et ça enchaîne.. rhinos gastros bronchiolites... des fievres bizarres, des abcès hallucinants.

gege boueni, gege mounyé.. ( bonjour madame, bonjour monsieur..)

Mahorais, Anjouans, clandestins ou locaux, du doliprane et du tiorfan..

Je demande à ce vieux monsieur (kwezi mounye formule de politesse) s'il est sûr de ne pas être enceinte.. merci mouana la traductrice, ici on rit comme ailleurs.

Non plus qu'ailleurs.

Inch Allah si je suis malade.. Fais ton boulot docteur, ne cherches pas à m'expliquer ce que j'ai.. Si je dois mourir c'est Allah qui le veut..

Ne t'inquietes pas je te fais confiance.. je ne regarderai pas sur internet voir si je peux te piéger, si tu es là c'est déja bien..

Mon dieu à moi, si tu es là, aides moi à trouver, aides moi à les aider, c'est pas possible ce qu'ils n'ont rien pour vivre.. est ce que vraiment on est en France??

 

Elle a eu dix enfants, en a perdu quatre, Inch Allah il en reste six, et elle a le sourire. Elle a mal aux jambes.. Oui je vois ça !

Premier palu, cette petite fille... maman clandestine, dis moi que tu vas revenir, que tu ne vas pas te cacher quand on va venir pour démoustiquer ta maison.. je suis bien obligé, moi, de dire aux services départementaux de dézinguer ces satanés moustiques. moi aussi je les déteste ces lâches qui me bouffent les chevilles le soir.

Reviens pour elle, pour la soigner. Je te couvre, de toute façon, tu ne risques rien avec ce papier que je te signe...

Alors chez nous, on peut gloser, discourir des heures sur la sécu, sur ces étrangers qui viennent se soigner chez nous.

Elle s'appelle A.... et elle a un an et demi, elle vient des Comorres, et elle a le palu.

Bientôt elle sera guérie.

Première fièvre inexpliquée, arbovirose??? fièvre de la vallée du Rift?? (classe comme nom!!)

Il est jeune et il est mal...mais il rentre chez lui, après une sacrée prise de sang... pipi caca, tout est analysé, disséqué, c'est sûr on va trouver mon gars!

48 h plus tard, apparaît l'angine..

C'est vrai qu'on a de la fièvre, avec une angine... mais bon quand même la vallée du rift.. ça pétait la classe, une arbovirose africaine avec un nom comme ça... surtout quand on sait que le chikungunya reprend à Mada, que la dengue arrive... et moi je tombe sur une angine!

C'est mieux pour toi, mon gars, quand même, c'est pas si glamour que ça une arbovirose.

Voilà ça court, ça pleure, ça traduit.. et moi je transpire, j'essaie de garder une figure rassurante. Sûr de moi.

Même quand j'ai pas la moindre idée de la bestiole qu'ils ont sous la peau, jamais vu ça, des trucs pareils, non mais...

Ah oui au fait, pour les bestioles, pas un dermato sur l'île.

C'est le dermato, la seule bestiole rare, ici!

Enfin bon merci Flemming, les antibios ça peut servir.

Sauf pour les coups de machette le vendredi soir, bon ça on connaît sous d'autres formes chez nous.

Ya du boulot ici, c'est sympa... ya pas quelqu'un que ça branche???

Un pote docteur pour voir du pays.... Tu t'éclaterais ici Dédé, avec Fred dans notre équipe, avec Sig on se marrerait bien.

Vous verrez jamais des pansements comme ça, en métropole, les infirmiers..

Il est cool Arnaud, l'interne, Il a fait tout son internat à la Réunion.. Il se barre dans 15 jours et je récupère son appart.. Ah merde on est en coloc! aie faut que je trouve un moyen, sigrid arrive dans pas longtemps.

Ayé j'ai trouvé, surprise!!!

Au fait, même ici ya la grève... FO est là, tout va bien, ça parle vie chère... mais avec du reggae local.

On a plus le moral, avec du reggae, sais pas pourquoi... mais j'ai l'impression que c'est moins grave..

Sauf quand ils bloquent les stations service.. et les ronds points.

Bon ok je rentre à pied.. heureusement je suis presque arrivé. mais quand même la montée de l'hôpital sous le cagnard.. vais peut etre m'arrêter aux urgences faire une petite pause Infarctus.. ah non c'est vrai ya pas de cardio sur l'île!

Bon ben je ralentis alors, on a même pas le temps de faire un infarctus correct ici.

Mais alors du coup, après la grève, quand le service reprend, c'est encore pire!

Faut comprendre, ya qu'une seule route, alors avec la queue qui déborde de la station, les camions qui sont bloqués, ça peut être funky de faire 35 kms...en passant devant 4 stations!

Bon je divague, une semaine de taf déjà.. Aujourd'hui c'est dimanche.. j'ai nagé avec les tortues géantes sur la plage de N'gouga. je rentre tôt, demain c'est reparti, et là, je vais appeler ma chérie.

Biz et bonne fête maman!

Et bravo Clermont... Champion de France, 95 ans d'attente, dix finales perdues... Bravo les gars, j'ai tout vu!!! J'ai même trouvé un bar rugby, et une équipe qui cherche des piliers, sauf que pas fou, jouer au rugby sous cette chaleur... jamais.

 

 

 

 

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 18:33

Je roule vers Mamoudzou, le long de la mer.

Le soleil se couche sur les ilôts. Soudain j'entends la voix rauque de Rachid Taha à la radio, et là, incroyable, mes yeux se trempent de larmes, la maison me manque.

C'est du raï qui me ramène chez moi. Tu comprends ça, soeurette?? Ca t'a déjà fait ça, en Inde??

Et paf, je suis parti, incontrôlable, je me dédouble. Je suis ici et là bas, tout se brouille. Ce n'est pas Paris ou la métropole qui me manque, le métro le périph les cinés, le pouls de la ville et ses odeurs... Non ça viendra peut être, mais aujourd'hui c'est ceux que j'aime que je voudrais auprès de moi.

Ma Sigrid, ta voix est devenu une drogue, je pourrais passer ma journée à écouter ton répondeur quand tu n'es pas dispo. Pourtant on se parle tous les jours, et je sais à quel point... bref.

Tu sais, toi, tout ce que je veux te dire.. Embrasse les chats, Chup et Oasis, les chieuses, Fanta, même ce petit rat de Banga, si tu la retrouves...

Et vous tous. So, Antoine et toute la rue Godillot, les Mo's, Maud Kris et Emi, la bande Nouvelle Star, Madou et ta famille, Fred et Dede.. Les Ardennes via le père Pochet... Papa, Maman, même si on se voit peu... Sev ma grande je suis sûr que tout va aller tellement bien pour toi..Pierre et Domi. Nico et Karine, merci pour le plan! c'était une super idée de me parler de Mayotte.. Katya et Katy les voyageuses... vous savez ce que je vis. Même tous ceux que j'oublie, Soso, Julien, Léo, Alain, la bande St Germain et vos innombrables gamins....

Vous êtes nombreux. Vous êtes denses de souvenirs partagés, de moments et de rêves évoqués, vous êtes mon univers, et de là où je suis, même si je vis pleinement l'aventure, je vous ai tous un peu emmenés avec moi.

Alors voila le plan, je vous explique : imaginez les alizés, tièdes et doux, sur une colline perchée en haut de la baie de M'tsampéré, au bord de la mer.. Il fait bon, au bord de la piscine, et la lune commence à se lever.

Voilà où je prends l'apéro, quand le soir tombe.. Voilà où j'ai décidé de vous emmener ce soir.

Je voulais apprendre à cuisiner le manioc, mais bon je lâche l'affaire. Entre le fruit à pain, les bananes plantin, le manioc et le riz, ya de quoi guérir toutes les gastros de la terre, alors je vais changer...

Ce soir je vous prépare du roumasava, recette malgache qu'on m'a conseillé. (cf marmiton... je suis pas encore intégré au point de pondre des recettes quand même.) une soupe d'épinards locaux, goût de citronnelle, mélangé à du riz...quand même. L'avantage c'est que vous allez vous régaler même si je me plante... c'est bien les rêves, on peut les modeler à sa guise.

L'apéro c'est des sambos, sortes de samoussas aromatisés de différentes manières.. Rhum of course, mais choisissez ce que vous voulez..

Je suis sûr que certaines petites natures parmi vous prendront une petite laine. Sig, toi t'es dans mes bras, pas besoin de petite laine avec moi.

Le temps passe vite et doucement à la fois quand on s'aime et qu'on partage le sel de la vie.... alors imaginez, et enjoy !!!

Voilà, je vais laisser le rêve filer. Regagnez vos pénates, où que vous soyez, ou bien continuez à rêver avec moi... Sachez que je vous aime, que je pense beaucoup à vous, que vous m'êtes d'une grande aide dans ce voyage au bout du monde.

Sachez tout cela, parce qu'au bout du compte, à part s'aimer, il n'y a rien d'important...

A plus....

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 10:23

Je pars dans le nord de l'île...M'tsangamoudji.

Je traverse Mamoudzou vers mon village dans la montagne, mon dispensaire.

Je viens de rencontrer le directeur de l'hopital, j'ai signé mon contrat, récupéré la voiture.

Puis je rejoins Habil, mon chef de service, sur le bord d'une route, au nord de Mamoudzou. Singulière première rencontre sur un route poussiéreuse et surchargée de camions, en plein soleil... cinq minutes de discussion, et je pars avec mon ordre de mission.

Médecin de dispensaire. Seul avec un interne de cinquième semestre, puis seul tout court dans trois semaines quand il retournera en métropole.... merde j'avais donc mal compris quand il m'avait décrit le poste?

TOUT SEUL????

Gardes, astreintes, seul médecin du village et des alentours, l'équipe avec infirmier et aides soignants, interprètes... c'est moi qui fait tout tourner??

La route s'élève dans la montagne, les tournants s'enchaînent de plus en plus courts, de plus en plus hauts, avant de redescendre vers la mer, de moins en moins de voitures, de plus en plus de zébus, de mangroves, de végétation qui déborde...

Je fume clope sur clope, je suis bizarrement assez calme, comme absent des débats qui font rage dans mon crâne.. Inch Allah. Je n'ai plus rien à perdre.

J'y suis. Je vais rencontrer un rêve insolite et que je croyais inatteignable il y a qulques mois.

Médecin humanitaire chez les paysans du nord de l'île, médecin hospitalier, praticien attaché des hôpitaux, de quelque façon que je regarde, je n'y crois pas...

Je l'ai fait!

Je suis parti de chez moi, je suis seul à l'autre bout du monde. Je vais affronter, au bout de cette route où la radio ne passe plus, tout à la fois un rêve inatteignable et un cauchemar que je ne pouvais pas imaginer vaincre.

Je ne suis plus médecin remplaçant, planqué dans un cabinet de banlieue avec des médecins que j'ai peur de quitter...

Quoique je fasse plus tard, je saurai au plus profond de moi que je suis celui qui a un jour affronté ses démons.

Je vais le faire. Parce que je ne veux pas vivre en me disant que je ne suis pas capable.

Parce que la vie a un autre goût depuis quelques temps. Depuis que j'ai décidé de plaquer mon quotidien et de me lancer sur le chemin de mes rêves enfouis.

Comme si l'air était plus riche, les couleurs plus vives.. comme si j'avais déchiré un voile de brouillard.

Putain j'ai peur quand même, ici je ne pourrai pas refiler de bébé, les patates chaudes c'est pour ma pomme, pas moyen de se défiler.

C'est fini la planque, c'est l'heure de se lâcher!

Merde ça vaut le coup d'apprendre à croire en soi.

C'est maintenant, c'est tout de suite, c'est très concret. Tout à l'heure, je me rencontre. Plus le temps de théoriser.

Yallah! c'est parti.

La route descend dans la vallée, tôles et bousiers, amas de terre, soleil écrasant, M'tsangamoudji.

Au bout du monde, la vie cul sec!

Sans déconner, ça pète non?

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 09:31

Un dimanche étrange... le 23 mai..

A peine arrivé à Mamoudzou, je suis invité à rejoindre un couple de médecins M'zungus de l'hôpital de Mamoudzou, pour passer un aprem barbecue avec des amis à eux sur une petite plage inaccessible, au milieu du lagon...

Aller retour en bateau et nage avec les tortues, snorkeling sur le corail...

Je me retrouve au beau milieu du quotidien des profs, médecins et autres expats fonctionnaires, j'ai l'impression d'emprunter la vie d'un autre.. je suis à peine arrivé et j'entends les ragots, les vannes, les échanges de recettes de guacamole. On me questionne vaguement, on s'intéresse mais je suis en train de passer au travers de ce rituel d'intronisation!

Je ne suis pas vraiment un expat, je n'arrive pas avec famille, maison, bateau, et possibilité d'inviter à mon tour, pour pouvoir augmenter le cercle d'amis et d'opportunités de prolonger l'illusion de vivre le paradis.

Mon collègue, Isabelle, médecin toulousain qui m'a incrusté au barbecue et qui elle, est une vraie expat débarquante avec famille et enfants, ne manque pas de noter plans, astuces, adresses et raccourcis.... mais n'en pense pas moins et garde ses distances...

Moi je prolonge l'apesanteur. Je n'ai pas encore atterri, parce que mon quotidien ne ressemblera en rien au leur. Parce que mon voyage signifie autre chose pour moi que de recréer un cercle de connaissances pour picoler les week ends et oublier la solitude.

 

Tous les ingrédients du rêve prédigéré sont là : le lagon bleu turquoise, les senteurs d'Ylang Ylang, les tortues géantes et la patate de corail d'une magnificence rare... les palmiers qui se balancent dans l'alizé... c'est tellement visuellement identifiable sans même avoir besoin de rappel photo.... que je me rends compte à quel point on est tous perfusés de ce genre d'images télévisuelles et de clichés irréels pour mieux pouvoir tenir le coup chez nous.

Et le pire, c'est que c'est génial de vivre ça, cette plongée dans une Nature providentielle et d'une douceur incroyable..

On n'est juste pas sur la même planète, ils sont adorables mais ils me sont étrangers... Leurs commentaires sur les Mahorais et leur mode de vie "à l'africaine" me sont insupportables.

Je viens ouvrir les yeux sur le monde, pas me recroqueviller sur un paradis artificiel, recomposé et prosélite.

Demain, je vais bosser dans le Nord, dans la jungle.. Au dispensaire de M'tsangamouji.

Médecin en dispensaire... Médecin entre l'Afrique et les Comorres, à deux pas de Madagascar, en plein milieu de l'océan indien... Merde j'ai du mal à y croire. Je la tiens mon aventure. Je pourrais en faire un bouquin. Même si j'ai l'impression de sauter dans un précipice les yeux fermés.

Putain ça sonne autrement que le dimanche à la campagne avec les profs que je viens de vivre..

Je veux vivre Mayotte et les regarder au fonds des yeux, les Mahorais..

Je veux apprendre leur langue, et leur parler vraiment.. (ceci dit c'est pas gagné, le shimaoré, pas simple...)

Je ne veux pas les regarder de haut comme un bon métro qui sait tout.

Je veux sentir le pouls de ce petit bout d'Afrique.

Putain je suis en vie......

 

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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 21:37

P1000987

La première image de Mayotte, je la vois sur l'écran de télé de l'avion, caméra sous la cabine de pilotage... La piste est suspendue au bord de l'eau, bien dans l'axe de la caméra, on voit les palmiers au loin, génial.... je prends la photo super de cet écran d'avion, photo que je n'arrive pas à mettre sur le blog d'ailleurs ( doucement premier jour quand même... suis pas un geek moi.) et quand je relève la tête, on n'est plus mais alors plus du tout dans l'axe de la piste.... on vise la tour de contrôle!

 

Aterissage un peu brutal donc après moultes circonvolutions avionesques... ( j'en parle peu, ça fait un peu Corto Maltese, décontracté, tout ça, pas sujet du tout au vertige ou a la peur de l'avion... Tranquille! )

 

Bref,ça se fait, on serre les fesses, et me voilà au chaud.

Bien au chaud même, 32° un poil humide, et quand on connaît ma constitution plus proche du phoque blanc à poil ras que de l'homme quand il s'agit de chaleur, on peut s'imaginer que je sois un poil fumasse... une motte de beurre énervée, le seul à faire sourire le douanier... LE SEUL A TRANSPIRER DANS CET AEROPORT non de non!!!

 

L'île est magnifique, sauvage, montagneuse, humide on avait compris, d'ailleurs il se met à pleuvoir...  pas de ville, des villages bidonville, quelques plages peuplées de Mzungus (des blancs), c'est déconcertant comme première approche... On arrive à la chambre d'hôte où je serai logé 3 semaines, en hauteur dans les collines, piscine vue sur mer clim, DOUCHE DOUCHE DOUCHE.....

 

Je ne vous ferai pas l'injure de décrire les plages les cocotiers les baobabs etc... déjà je vais essayer de joindre des photos ça me permettra de me concentrer sur le sel du voyage... ce que je ressens...

 

Ben je vais vous dire, j'ai ressenti qu'à chaque fois que je me suis garé, en sortant je me suis cassé la gueule dans un ravin boueux de 50 cm parce que j'avais un peu négligé de jeter un oeil sur l'aspect global du terrain (terme militaire : liaison carte-paysage), en bref j'ai fait mon créneau pépère en sifflotant, les roues au bord du vide à chaque fois. mais bon j'ai pas cassé la voiture de l'hosto...

 

Leçon du premier jour : faire confiance!

j'aurai pu me croûter dans la tour de contrôle, planter la caisse du boss dans un trou en face de la plage où va Tout Mayotte pour mon premier jour (d'ailleurs ils se connaissent tous les blancs ici, c'est fou, on dirait un club med géant permanent, un club d'expats quoi...), ou me péter une guibolle dans un égout. Et ben rien....

 

C'est pas fort ça!!!!

La bonne nouvelle c'est que même si je suis toujours aussi distrait, j'ai toujours le cul bordé de nouilles. ( pour ceux que ça inquiète, je touche quand même du bois.)

 

Et puis plus sérieusement, ça ressemble aux îles du pacifique, ça ressemble à l'Afrique, c'est des plages de sable entourant une masse de montagnes et une forêt vierge...c'est vraiment magnifique.

 

Et puis j'ai trouvé un écran géant pour la coupe du monde... c'est pas mal pour une journée.

 

A plus.

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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 16:09

mayotte-101e-departement-francais-402850.jpgencore trois jours, plus que trois jours, trois jours en bref..

trois jours avant la découverte..

tout se mélange un peu... mais c'est le grand départ qui arrive, à toute vitesse...

un petit aperçu de Mayotte comme ça, en passant vu d'en haut....

 

Kwaheri  (au revoir...)

 

 

.carte_mayotte.jpg

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